L’agence japonaise JAXA a confirmé le 16 novembre que la capsule de retour d’échantillons de sa sonde contenait des particules prélevées sur l’astéroïde Itokawa.
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À gauche : Hayabusa photographie son ombre sur Itokawa. À droite : illustration montrant la sonde et sa «trompe» de prélèvement d’échantillons en train de frôler la surface de l’astéroïde. Crédit : JAXA/Enjoy Space |
Avec la mission Hayabusa, le pays du Soleil Levant a donc bien signé le premier retour d’échantillons prélevés sur un astéroïde. Jusqu’à récemment, le doute subsistait.
Une mission à suspens
Le 9 mai 2003, Hayabusa quittait le Japon pour se diriger vers l’astéroïde Itokawa. Avec cette mission robotique, l’agence spatiale nippone espère réaliser une grande première : ramener des poussières prélevées à la surface de l’un de ces «cailloux baladeurs» qui arpentent le système solaire. Le périple ne sera toutefois pas sans encombre ! En fait, la sonde va cumuler les pannes et, à chaque fois, les équipes au sol trouveront un moyen de surmonter les obstacles. Ce portfolio Enjoy Space résume ce qui fut une véritable mission à suspens !
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Grâce à plusieurs survols rapprochés d’Itokawa, Hayabusa a signé les clichés les plus détaillés à ce jour d’un astéroïde. Crédit : JAXA/Enjoy Space |
En novembre 2005, Hayabusa se pose à deux reprises sur Itokawa. Mais la JAXA reconnaît aussitôt qu’elle ne sait pas si le dispositif chargé de récolter des échantillons de cet astéroïde de 607 m de large a fonctionné. Le mécanisme est astucieux et repose sur une sorte de «trompe» au sein duquel on tire une bille. En percutant le sol, celle-ci provoque une gerbe de poussières issues de la surface d’Itokawa qui remontent le long de la trompe pour être piégées dans deux réceptacles. Si la sonde a bel et bien réussi par deux fois son approche de l’astéroïde, son ordinateur de bord ne confirme pas en revanche que la bille a bien été tirée comme prévu...
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La «trompe» d’Hayabusa (en préparation au sol et en illustration), chargée de prélever des échantillons de la surface de l’astéroïde Itokawa en tirant une petite bille vers le sol. Crédit : JAXA/Enjoy Space |
Lorsque fin 2005 Hayabusa entame son retour vers la Terre (qui prendra au final 3 ans de plus que prévu), personne ne sait si elle transporte quelque chose. Le 13 juin 2010, la sonde se désintègre dans l’atmosphère terrestre tandis que sa capsule d’éventuels échantillons se pose au sol sous parachute en Australie. Sur le plan technique, l’agence japonaise signe là une réussite incontestable (voir cet article Enjoy Space).
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La capsule de retour d’échantillons d’Hayabusa en cours de récupération dans le désert australien par les équipes de la JAXA. Crédit : JAXA |
Sur le plan scientifique, la mission peut toutefois être aussi considérée comme un succès au regard des nombreux clichés et mesures accomplis lorsque Hayabusa a survolé Itokawa. Mais les scientifiques espèrent qu’au moins un des deux réceptacles de la capsule de retour d’échantillons héberge des particules de l’astéroïde. Après tout, si la trompe est entrée en contact avec le sol, le petit choc a pu soulever des poussières en quantité suffisante pour qu’une partie soit prélevée. C’est dans un laboratoire de la ville de Sagamihara que les deux réceptacles ont été ouverts avec d’infinies précautions. Dans celui dénommé A, 1.500 particules d’une taille inférieure à 10 micromètres ont été détectées et récupérées à l’aide d’une spatule.
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La spatule (flèche) avec laquelle les précieuses particules du réceptacle A ont été prélevées. Crédit : JAXA |
L’analyse des particules au moyen d’un microscope électronique montre la présence de pyroxène et d’olivine, des minéraux typiques de la composition des astéroïdes comme Itokowa. La JAXA écarte toute possibilité de contamination, notamment par des poussières issues du site de lancement près de Sakurajima ou de celui de l’atterrissage en Australie (leur composition aurait été facilement détectée).
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À l’aide d’un microscope électronique, les particules présentes dans le réceptacle A d’Hayabusa ont pu être identifiées (flèches rouges). Leur composition (olivine et pyroxène) confirme selon l’agence japonaise leur origine extraterrestre : elles proviennent donc bien de l’astéroïde Itokawa. Credit: JAXA/Enjoy Space |
Hayabusa a donc bien ramené des particules d’Itokawa faisant du Japon le premier pays à tenter et réussir un retour d’échantillons d’un astéroïde. Mais la vaillante sonde pourrait nous réserver une nouvelle bonne surprise, car il reste à examiner le contenu du réceptacle B. Or, les techniciens estiment qu’il pourrait abriter encore plus de particules que le A !